Conseils mensuels en biodynamie dans les cultures et au jardin

Observer la vie de la nature au fil des saisons permet d’approcher le lien entre les êtres vivants sur Terre, le Soleil et le cosmos dans son entier. La façon dont les plantes cultivées s’insèrent dans ces grands cycles guide les agriculteurs et jardiniers dans leurs pratiques, notamment l’utilisation des préparations biodynamiques. Le Calendrier biodynamique propose également des tendances météos qui, lorsqu’elles sont marquées, permettent une certaine anticipation des travaux agricoles.

Octobre 2024 : la biodynamie, les rythmes lunaires et l’agriculture.

Avec avril, son homologue printanier, le mois d’octobre est sans doute celui où le changement « d’ambiance », « d’atmosphère » est le plus sensible. Les nuits durent déjà plus que les jours et ceux-ci continuent de décroître bon train, avant le ralentissement de novembre et décembre. La plupart des arbres perdent leurs feuilles, de nombreux oiseaux migrateurs quittent nos régions, les insectes disparaissent au profit de leurs œufs et de leur larves, les mammifères hibernants/hivernants se préparent en cherchant un abri et en y faisant des réserves, le froid envahie la couche arable du sol… C’est l’apogée du processus d’intériorisation des forces de vie de la Terre sous le sol. Toutes les graines parvenues dans le sol vont subir une sorte de « couvaison hivernale » dans le froid du sol mais aussi dans l’activité intense des forces de vie. Cette activité relie les plantes à leur archétype cosmique et leur permet de rejaillir au printemps, saines et dans les formes correspondantes à leur espèce.       

L’élaboration de la préparation de bouse de corne s’inscrit dans cette dynamique. C’est au mois d’octobre que les agriculteurs et jardiniers se retrouvent pour remplir les cornes avec de la bouse et les confier aux forces de vie sous la surface du sol. Les cornes attirent et reflètent ces forces, faisant de la bouse de corne un concentré d’énergie vitale (Le cours aux Agriculteurs, 4ème conférence, R. Steiner 1924). La plupart des préparations du compost sont aussi confiées à la terre à cette période. N’hésitez pas à contacter votre association régionale pour participer à ces « journées préparations ».

Indications générales

Le mois d’octobre présente heureusement beaucoup moins d’évènements cosmiques perturbateurs que le précédent. La première quinzaine est tout de même marquée par quatre occultations de planètes, à commencer par l’éclipse de Soleil du mercredi 2 (une occultation est bien une éclipse de planète par la Lune). Le nœud descendant de Mercure entraine aussi deux journée défavorables les 12 et 13. La deuxième quinzaine est très « tranquille », les périodes racine/fleur/feuille/fruit se succèdent en suivant le rythme sidéral de la Lune, celui de son passage devant les constellations du zodiaque.

Côté météo, l’élément air-lumière est bien renforcé jusqu’au 10 par les deux trigones que forment Vénus avec Saturne puis Mars devant des constellations liées à cette élément. L’élément Terre est encore assez soutenu par la conjonction supérieure du Soleil avec Mercure qui a eu lieu le 30 septembre, devant la constellation de la Vierge. Il est donc très peu probable que les températures montent au-dessus de la normale durant cette période. Ni d’ailleurs ensuite, l’élément Terre continuant d’être stimulé par le trigone du Soleil (devant la Vierge) avec Jupiter (devant le Taureau) qui se tient le 14. Puis l’élément air est soutenu par le trigone de Mercure (Balance) avec Saturne (Verseau) qui a lieu le 22.
A partir du 9, les masses d’air devraient se stabiliser avec possiblement un gonflement des anticyclones et une immobilisation des centres dépressionnaires. Une situation analogue mais cependant moins marquée que celle rencontrée au milieu du mois dernier, avec la stagnation d’une dépression très fortement pluvieuse sur le centre de l’Europe.

©mabd

Pour l’élevage

Jusqu’au 9 octobre, on pourra profiter de la période de Lune descendante pour apporter la bouse de corne sur les prairies. Le mercredi 2, jour perturbé par l’éclipse de Soleil est à éviter. La prochaine Lune descendante débute le 22, la fin du mois pourrait être mise à profit pour la pulvérisation du compost de bouse sur les pâtures et les prairies. Rappelons que le compost de bouse favorise la « digestion » des matières organiques par le sol et apporte l’impulsion des préparations biodynamiques du compost qui facilitent la mobilisation des éléments minéraux par la plante et son rhizobium.

 

Pour s’assurer d’une meilleure santé des jeunes et pour obtenir des animaux biens conformés, mieux vaut éviter les saillies lors des nœuds lunaires et planétaires (cf. « Indications générales »). Vous pourrez aussi observer le comportement des animaux, lors ces évènements astronomiques : ils semblent souvent plus nerveux, les bousculades sont plus nombreuses.

Pour la vigne et les arbres fruitiers

Les vendanges et les récoltes de fruits de conservation (pomme, poire) se terminent. Il faut maintenant penser à une pulvérisation de bouse de corne, avant que le sol ne refroidisse trop. Si la Lune descendante peut être plus favorable, cela est loin d’être indispensable en automne, lorsque le Soleil est descendant. Les soirées du 11 au 16 sont perturbées par différents évènements astronomiques et devraient donc être évitées pour la dynamisation de la préparation.

Une pulvérisation de silice de corne après vendange et avant le passage de la bouse de corne est très conseillée. Contrairement à la pratique usuelle, elle peut être passée l’après-midi sur le feuillage lorsque celui-ci est encore actif. Il pourra ainsi être le médiateur de cette silice d’automne qui agit sur la néoformation dans les bourgeons, pouvant améliorer la prochaine floraison surtout si l’initiation florale (en mai/juin) n’a pas été favorisée par les conditions climatiques, comme cela a souvent été le cas cette année. Une autre vertu reconnue de cette silice d’automne est l’amélioration de la mise en  réserve dans les bois des “sucres” encore présents dans les feuilles (fin de l’aoûtement). Une bonne mise en réserve assure un meilleur démarrage de la vigne l’année suivante.

De plus, cette silice jouera sans doute un rôle « assainissant » sur le feuillage après l’année propice aux maladies cryptogamiques que nous avons connue. Pour approfondir ce travail d’assainissement, il serait aussi utile de traiter le feuillage juste avant qu’il ne tombe au sol en entrainant avec lui les spores des cryptogames qui seront la base des contaminations du printemps prochain. Ce traitement pourra se faire à l’aide d’une décoction de prêle des champs. Si cela est possible sans dépassement trop important de la dose annuelle autorisée, on peut augmenter l’efficacité de ce traitement en y ajoutant du cuivre sous forme d’oxyde cuivreux.

Nous insistons  sur ce point car, malheureusement, les prévisions météos de notre Calendrier biodynamique ne sont pas du tout réjouissantes pour les mois de mars à mai 2025. Depuis plus de 20 ans que nous tentons d’établir le lien entre positions planétaire et météo, nous n’avons jamais constaté une aussi forte influence de l’élément Eau durant une si longue période…

Pour le maraîchage et le jardin-potager

La fraicheur et l’humidité du mois de septembre n’ont pas été très favorables à la santé des légumes-fruits d’été. Les plates-bandes qu’ils occupaient sont libérées plus précocement que ces dernières années, ce qui laisse de belles possibilités de semis d’engrais-vert. Les résidus de culture seront recyclés par compostage, pour cela il est important de les réduire en morceaux.

En revanche les légumes-racines (navets, radis) semées fin août/début septembre offriront sans doute de belles récoltes fin octobre. Ceux destinés à la conservation devraient-être ramassés l’après-midi en lune descendante et en période-racine évidemment. C’est le cas du 28 au 31 octobre, la Lune se trouvant devant la Vierge, renforcée par le Soleil devant la Vierge également.

La récolte des courges, le matin en lune montante et période-fruit, pourra se faire les 10/11 ou les 18/19. Leur qualité de conservation est ainsi optimum.

La lactofermentation est aussi un excellent moyen de conservation des légumes-racines (navets, betteraves, radis…) ou feuille (choux), voire fuit (piment, concombre). Selon les traditions européennes (navets salés, choucroute, betteraves…) ou asiatiques (kimchi, Takuan…) les recettes sont multiples, notre conseil est de démarrer les lactofermentations en période-fleur.

Pour enrichir les parcelles ou les plates-bandes ayant été libérées des cultures d’été, le semis d’un engrais vert d’automne mélangeant des fabacées (féverole, lentille, vesce…) et des céréales (avoine, seigle…) est très conseillé. Vous pouvez choisir des période-feuilles ou mieux encore des période-racines, le travail souterrain de l’engrais-vert étant primordial. Nous pensons ici aux riches exsudats racinaires des céréales qui nourrissent la vie du sol et à l’apport d’azote au sol par la symbiose entre fabacées et azobacter.

Les semis d’engrais vert, comme tout le terrain, pourra bénéficier d’une pulvérisation de bouse de corne avant que les sols ne refroidissent en dessous d’une dizaine de degré à 10-15cm.

Pour les grandes cultures

Les semis de céréales d’hiver battent leur plein. Maria Thun conseillait particulièrement ces semis lorsque la Lune se trouve devant la constellation du Lion, ce qui est le cas les 26,27 et 28 (avant 17h) octobre.

La pratique des bains de semences à l’aide des préparations biodynamiques peut être très utile pour les céréales, surtout dans un contexte d’humidité assez marquée. Elle favorise la levée et la vigueur des plantules, leur résistance aux maladies cryptogamiques. Selon certains témoignages, les bains de semences pourraient même réduire fortement la contamination par la Carrie du blé.

La pulvérisation de bouse de corne est indispensable pour accompagner et renforcer le pic d’activité biologique que connaissent la plupart des sols en cette période.

Pour des indications mensuelles plus précises, l’idéal est de se procurer le Calendrier biodynamique.