Définition : qu’est-ce qu’un alcoolat ?
Un alcoolat (ou esprit aromatique ou esprit) est un produit de condensation obtenu après distillation d’une matière première naturelle, généralement végétale, en présence d’éthanol (eau-de-vie ou alcool neutre) de titre variable.
C’est l’équivalent alcoolisé de l’hydrolat. Source Wikipédia
Pas le temps de faire une tisane : les alcoolats préparés en période calme peuvent être une solution !
« J’ai vu ça pour la première fois au Portugal, à mes débuts en biodynamie. Là-bas, des vignerons préparaient des macérations de plantes dans de l’alcool en hiver, puis les conservaient toute la saison pour les utiliser à la place des tisanes. En somme une teinture mère comme on l’appelle en herboristerie. Depuis j’ai vu quelques domaines essayer mais je n’ai pas suivi les résultats.
Ils utilisaient de l’alcool souvent un alcool neutre type eau-de-vie fabriquée sur place ou alcool de fruits, à 40°. Ils faisaient macérer des plantes comme la prêle, l’ortie, le pissenlit, l’eucalyptus, parfois le millepertuis ou d’autres selon les besoins. Le tout dans de grands bocaux en verre ou en grès. En général une quinzaine de jours, parfois une semaine seulement pour les plantes plus fragiles ou puissantes.
Puis, ils filtraient et stockaient le liquide dans des bouteilles sombres, à l’abri de la lumière. ils s’en servaient comme des tisanes en mélange avec les traitements ou dynamisées dans de l’eau, un avantage non négligeable : ils n’avaient pas besoin de préparer une tisane au moment des traitements, ce qui est un vrai gain de temps en pleine saison.
Ils les ajoutaient directement à la bouillie à raison de 0,25 litres par hectare voire moins. Les effets étaient au rendez-vous, souvent plus marqués qu’avec les tisanes classiques. L’efficacité était très bonne dans cette région du vinho verde très propice au mildiou. Peut-être parce que l’alcool extrait certaines molécules différemment, ou plus complètement. En tout cas, les plantes conservaient leur effet stimulant, antifongique ou insectifuge. Et c’était très stable dans le temps. »

Mode de préparation
Remplir un récipient fermé de 5 litres de plante fraiche ou au 2/3 de plante sèche, remplir d’alcool agiter tous les deux jours, puis filtrer.
Liste de plantes à 15 jours de macération
- Prêle (Equisetum arvense) : parfaite en alcoolat, surtout contre le mildiou et les maladies cryptogamiques.
- Ortie (Urtica dioica) : bon effet stimulant, même en sec, mais peut fermenter si mal filtrée.
- Eucalyptus (Eucalyptus globulus) : excellent répulsif insectes, antiseptique puissant.
- Pissenlit (Taraxacum officinale) : favorise l’équilibre de la plante, effet “raccordement au sol”, discret mais précieux.
- Millepertuis (Hypericum perforatum) : très bon effet sur les stress lumineux, notamment après des coups de soleil.
- Camomille (Matricaria recutita) : douce, mais active, favorise la régulation.
- Absinthe (Artemisia absinthium) : très efficace en alcoolat contre les larves d’insectes et les stress digestifs des plantes.
- Menthe poivrée ou menthe verte : rafraîchissante, répulsive, utile contre pucerons et acariens
À utiliser avec prudence ( 0.10 litres / hectare, une semaine de macération) ou à tester :
- Tanaisie (Tanacetum vulgare) : trop concentrée, peut devenir phytotoxique en alcoolat.
- Fougère aigle (Pteridium aquilinum) : toxique, à éviter en alcoolat, mais parfois utilisée localement en infusion très diluée.
- Reine des prés (Filipendula ulmaria) ou osier : plus efficaces en décoction ou tisane.
- Achillée millefeuille (Achillea millefolium) : intéressante, mais l’alcool peut concentrer ses principes trop fortement.
- Immortelle (Helichrysum italicum) : très aromatique, donc à doser avec parcimonie.
- Lavande : son effet est souvent meilleur en hydrolat ou huile essentielle qu’en alcoolat.
Plantes à éviter en alcoolat :
- Consoude (Symphytum officinale) : risque de fermentation secondaire et dégradation rapide en alcool.
- Sureau (Sambucus nigra) : préfère la tisane ou l’extrait aqueux, l’alcool en extrait les parties les moins intéressantes.
- Vipérine (Echium spp.) : incertitude sur les composés extraits par alcool ; à réserver à la tisane.
A conserver en bouteilles opaques fermées hermétiquement en pièce obscure. Essayer sur un échantillon avant de traiter de grandes surfaces.
Merci Jacques Fourès !
À vos essais et expériences !


