Foire aux questions (ou tout ce que vous avez toujours voulu savoir jamais sans oser le demander)

Préambule

Il circule actuellement sur internet et en particulier sur les réseaux sociaux des informations approximatives, fallacieuses voire diffamatoires à propos de la biodynamie. Ces informations, souvent à charge, répètent les mêmes arguments en donnant, hors contexte, toujours les quelques mêmes citations très réductrices de la réalité concrète de la biodynamie telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui dans le monde entier. Le plus souvent leurs auteurs n’ont ni lu les ouvrages cités, ni pris la peine d’interroger des personnes pratiquant la biodynamie ou d’interroger les organisations nationales et internationales de la biodynamie.

Dans cette FAQ, nous ne cherchons pas à répondre à tout mais voulons donner au lecteur les moyens de se créer son propre jugement individuel. Ainsi nous fournissons des éléments de réponse factuels à des questions fréquemment posées en fournissant des liens vers des sites, des documents, des publications dont certaines scientifiques qui vous permettront d’approfondir le sujet.

1. D’où vient l’agriculture biodynamique ?

L’agriculture biodynamique est d’abord une agriculture qui s’inspire des bonnes pratiques agronomiques telles qu’elles ont pu être pratiquées par le passé dans les pays occidentaux, et encore aujourd’hui sur les autres continents ; autres continents qui ont su garder une approche systémique de l’agriculture, contrairement à l’Europe et de l’Amérique du Nord qui se sont engagées tôt vers une agriculture réductionniste et industrielle. (Jacques Caplat, Changeons d’agriculture, Actes sud 2014). [Lire la suite]

C’est justement dans le contexte de cette orientation vers une agriculture « industrielle » (Jacques Caplat, Agriculture industrielle, on arrête tout et on réfléchit, éditions Rue de l’échiquier 2025) que le philosophe Rudolf Steiner, aidé par une équipe pluridisciplinaire, et en réponse aux sollicitations et questions d’agronomes et d’agriculteurs soucieux de l’orientation prise par l’agriculture, donna un cycle de 8 conférences fondatrices en 1924 et posa ainsi les fondements de l’agriculture biodynamique (Rudolf Steiner, Cours aux agriculteurs, éditions Novalis 2024).

Depuis, les idées et indications données ont été reprises par de nombreu.se.s paysan.ne.s, formateur.trice.s et scientifiques de par le monde, qui y ont intégré de nouveaux éléments issus de leur “savoirs d’expériences” (Hurter Ueli, La biodynamie, une agriculture pour l’avenir, Actes Sud. 2019)  et de leurs recherches scientifiques.

Ainsi, l’agriculture biodynamique évolue en permanence, enrichie de nombreux apports. Ceci se matérialise entre autres dans le cahier des charges évolutif du label mondial Demeter.

Pour aller + loin :
L’historique du MABD et de la biodynamie
La biodynamie c’est quoi ?
Biodynamie et recherches

2. Est-ce que la biodynamie, c’est de l’homéopathie appliquée à l’agriculture ?

Non. Le chercheur Jürgen Fritz confirme que l’action des préparations biodynamiques n’est pas comparables à celle de l’homéopathie. En effet en biodynamie, la dilution des préparations reste clairement dans la gamme des effets visibles, en particulier pour la bouse de corne où l’eau dans laquelle on brasse la substance est clairement brune. [Lire la suite]

Des résultats récents de recherches1 montrent que l’action de cette substance très riche en micro-organismes est surtout d’activer le microbiome très actif et d’améliorer son adaptation au sol sur lequel elle est pulvérisée. Cela n’a rien de comparable avec les dilutions homéopathiques qui répètent un nombre de fois défini des dilutions au dixième ou au centième. On peut constater que rapidement au cours des dilutions, il ne peut mathématiquement rester un seul atome de la matière de base.

1Milke Fet al. : Enrichment of putative plant growth promoting microorganisms in biodynamic compared to organic agriculture soils. ISME Communications. 2024 Feb; 4

Pour aller + loin :
L’article Préparations biodynamiques : percées dans la recherche
Site de l’association partenaire Biodynamie Recherche

3. Faut-il être anthroposophe pour faire de la biodynamie ?

Non. Il n’est pas nécessaire d’être anthroposophe pour pratiquer la biodynamie. Oui, certains biodynamistes s’intéressent à l’anthroposophie ou sont anthroposophes. Libre à chacun de faire ses choix 😉, c’est le principe d’une démocratie et l’inverse d’un dogme.
Nous pouvons cependant répondre plus précisément à cette question, et pour cela, il est nécessaire de décrire brièvement ce qu’est l’anthroposophie. On peut rapidement la décrire comme un courant de pensée philosophique que Steiner qualifie d’individualisme éthique puisqu’il place la liberté individuelle et l’éthique en son cœur… [Lire la suite]

L’origine de la biodynamie est liée au courant de pensée anthroposophique car c’est le fondateur de l’anthroposophie R. Steiner, avec une équipe pluridisciplinaire, qui en a donné les bases en réponse à des sollicitations de professionnels ( cf. d’où vient l’agriculture biodynamique ). Ensuite, au fil du temps et de l’enrichissement de la méthode par les multiples expériences pratiques et résultats de la recherche, la biodynamie a fait son chemin et existe par elle même. Ainsi, aujourd’hui, le lien – ou non des biodynamistes avec la source est totalement libre et très variable d’une personne à l’autre. L’anthropologue Jean Foyer qui a interviewé de nombreux viticulteurs biodynamistes en Anjou résume : “En termes d’identité et de savoirs, disons que la plupart des viticulteurs biodynamistes sont vignerons avant d’être biodynamistes, et biodynamistes bien avant d’être anthroposophes. Les biodynamistes se revendiquent bien plus volontiers « paysans vignerons » qu’« agriculteurs-viticulteurs »”.1

De fait, on n’a évidemment absolument pas besoin d’être ou de devenir anthroposophe (membre d’une association anthroposophique) pour pratiquer l’agriculture biodynamique, ni pour transformer des produits ni pour les vendre ou les consommer. Il s’agit d’une décision libre et individuelle.

Pour conclure, l’on peut dire que la biodynamie est vraiment riche de ses différents apports : apport liée à son origine, apport de l’expérience et de l’observation de terrain fondamentale des paysans, apports d’autres agronomes/chercheurs, apport d’autres ONG ou associations environnementales.

1Foyer, J. Syncrétisme des savoirs dans la viticulture biodynamique. Incorporation dans l’expérience et le sensible et trajectoire initiatique. Dans Revue d’anthropologie des connaissances 2018/2 (Vol. 12, N°2), pages 289 à 321. https://www.cairn.info/revue-anthropologie-des-connaissances-2018-2-page-289.htm 

4. La biodynamie est-elle pseudo-scientifique ou anti-scientifique ?

Non, bien au contraire. Depuis bientôt un siècle que la biodynamie s’est développée dans le monde, les recherches effectuées dans un cadre universitaire se sont multipliées, particulièrement au cours des dix dernières années, notamment avec la montée en puissance de la biodynamie dans le monde viticole. Et dans de nombreuses disciplines : biologie et agronomie bien sûr, mais aussi en sociologie, anthropologie, histoire, économie. [Lire la suite]

A titre d’exemple, citons l’essai DOC du très renommé Institut suisse de recherche agronomique FiBL : une comparaison sur de plus de 45 ans de comparaison entre système de production conventionnel, bio et biodynamique aboutissant à des différences importantes et positives pour la biodynamie en ce qui concerne la qualité des sols (tous les indicateurs de fertilité sont supérieurs) et les émissions de gaz à effet de serre (inférieures de 63 % en BIODYN par rapport à la fertilisation conventionnelle) ou la résistance des plantes à la sécheresse liée à la plus grande diversité des communautés bactériennes des parcelles biodynamiques et biologiques qui restent actives plus longtemps. (synthèse  https://www.bio-dynamie.org/essai-doc-fibl-fevrier2025/).

Une autre publication récente explique scientifiquement le mécanisme d’action des préparations biodynamiques comme des stimulateurs des microorganismes du sol favorisant la croissance végétale.

Comme toute discipline récente, les recherches en sont aux prémisses et d’autres résultats prometteurs sont à venir. Donc la biodynamie est tout sauf anti-scientifique et le mouvement biodynamique est absolument favorable à ce que des recherches soient entreprises pour mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre, objectiver les pratiques et affiner les modes opératoires.

Pour aller + loin :
Recherches et biodynamie

5. La biodynamie est-elle sectaire ?

Non. Le MABD n’est pas une secte, soyons sérieux ! Non la biodynamie n’est pas sectaire ! Accompagner les agriculteurs pour qu’ils deviennent plus libres, autonomes et souverains dans leurs pratiques, on est loin d’une secte quand même ! Non 😉?
Il suffit de prendre la définition de secte pour voir que le Mouvement de l’Agriculture Bio-dynamique ne coche aucune case.
Précisons d’abord que ni la notion de secte ni celle de dérive sectaire ne sont définies par la loi, voir la foire aux questions du site de la Miviludes : […], la loi ne définit ni la notion de religion, ni celle de « secte ». Les croyances renvoient à la vie privée et à l’intimité de chacun, par définition exclues du champ d’intervention de la puissance publique. Comme l’énonce l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du Citoyen de 1789, qui a valeur constitutionnelle : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même religieuses pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ». La Miviludes définit ensuite une dérive sectaire par  un « faisceau d’indices » permettant de caractériser l’existence d’un risque de dérive sectaire. En prenant les différents types d’« indices » un à un, rien ne permet d’inclure le MABD dans cette définition [Lire la suite]

  • la déstabilisation mentale ⮕ aucune accusation contre le MABD
  • le caractère exorbitant des exigences financières ⮕ adhésion de 20 €/an pour les particuliers, et entre 110 et 190 €/an pour les professionnels (agriculteurs principalement), avec la liberté totale de renouveler ou non son adhésion, voir https://www.bio-dynamie.org/le-mabd/adherer-au-mabd/
  • la rupture avec l’environnement d’origine ⮕ aucun cas signalé
  • l’existence d’atteintes à l’intégrité physique ⮕ aucun signalement lié au MABD
  • l’embrigadement des enfants ⮕ le MABD s’adresse aux adultes
    le discours antisocial ⮕ au contraire, appel au travail en commun (voir la charte du MABD)
  • les troubles à l’ordre public ⮕ jamais
  • l’importance des démêlés judiciaires ⮕ jamais
  • l’éventuel détournement des circuits économiques traditionnels ⮕ le MABD en tant qu’association respecte toutes les règles de transparence des sources de financement. De plus, le MABD ne reçoit aucune subvention publique.
  • les tentatives d’infiltration des pouvoirs publics ⮕ Difficile d’infiltrer les pouvoirs publics quand on ne reçoit aucune subvention publique voire même de soutien 😁

Notons ensuite que les accusations de sectarisme viennent, peu ou prou, toujours du même petit groupe de personnes qui relaient en permanence les mêmes accusations sans avancer aucune preuve. Les réseaux sociaux ne sont pas en reste et favorisent ces allégations péremptoires, souvent gratuites et violentes.

Les personnes qui visitent différents agriculteurs biodynamistes dans les différentes régions de France feront une toute autre expérience. Ainsi, Jean Foyer chargé de recherche en anthropologie au CNRS/CREDA écrit (Les êtres de la vigne, enquêtes dans les mondes de la biodynamie, éditions Wildproject. 2024, extraits des pages 55 à 57) à partir de 5 années d’enquête de terrain entre 2014 et 2019, essentiellement menée auprès de vignerons biodynamistes en Anjou.

«…Depuis le milieu des années 2010 des blogs anti-anthroposophie, anti-biodynamique, ou plus généralement rationalistes relaient généralement ce type d’argumentaire simpliste fondé essentiellement sur des associations rapides et des extraits de citations non contextualisés, jamais sur des enquêtes de terrain. Ces prises de position visent à démontrer notamment le caractère « pseudoscientifique » de la biodynamie comme si ceux qui les défendent étaient garants de la vraie Science, sans jamais se donner la peine d’explorer la complexité des liens entre sciences et savoirs biodynamiques (Foyer, 2018) dans les pratiques concrètes… au regard de mon enquête de terrain, les questions évoquées ci-dessus semblent complètement hors de propos. En effet, chez les vignerons interviewés lors de mon enquête en Anjou, les liens entre biodynamie et anthroposophie semblent beaucoup plus distendus, les phénomènes d’emprises mentales ou de manipulations financières typiques de supposés dérives sectaires ne me sont à aucun moment apparus. De même les références au fascisme ou au nationalisme sont totalement absentes de mes observations. Au contraire des faits rapportés dans des blogs qui laissent supposer qu’on nage en plein délire occulte et manipulatoire, j’ai plutôt eu le sentiment de parler avec des gens à la culture scientifique souvent solide, très réflexifs sur leur pratique et extrêmement ancrés dans leur activité agricole, que ce soit sur le plan productif ou économique. »

Jérôme Baudouin, rédacteur en chef de la Revue du Vin de France qu’il est difficile d’accuser de partialité, affirme quant à lui : « Et pourtant, en allant à la rencontre des vignerons en biodynamie, on n’a pas l’impression d’avoir affaire à d’étranges prosélytes d’un mouvement sectaire mais bien de passionnés de terroir, qui, bien souvent, ont fait des études scientifique très pointues avant de s’y intéresser… » (Extrait de Tout savoir sur les vins bios, Collection découverte N° 1. RVF, mai 2023)

Pour aller + loin :
Les êtres de la vigne de Jean Foyer, un succès critique
Charte du MABD

6. Rudolf Steiner était-il raciste ?

Oui, Rudolf Steiner a eu quelques propos discriminants et à tendance raciste.
Non, Steiner n’était pas raciste dans sa vision globale de l’humain.
Oui, le MABD se distancie totalement des propos à tendance raciste de Steiner.
Oui, le MABD est ouvert à toutes et tous, sans aucune distinction. Extrait de la charte du MABD : « Notre mouvement est ouvert à toutes et tous, sans aucune discrimination liée à l’origine, au genre ou à la religion. Il est indépendant de toute organisation politique, philosophique ou confessionnelle et refuse toute dérive violente ou d’exclusion. » Mais voyons cela plus précisément. [Lire la suite]

Au-delà du Cours aux agriculteurs où le sujet n’est absolument pas abordé, il existe dans l’œuvre considérable de Rudolf Steiner (environ 365 ouvrages) quelques éléments discriminatoires et à tendance racistes qui sont, du point de vue actuel, inacceptables1. En tant que Mouvement de l’Agriculture Bio-Dynamique, tout comme l’a également fait la Fédération Biodynamique Internationale (https://demeter.net/about/history/), nous nous distançons totalement de ces affirmations.

Il faut cependant préciser qu’il existe une « indignation sélective » contre Steiner2. En effet, si on examine les écrits de nombreux auteurs de la même époque étudiés à l’école publique ou à l’université comme Hegel, Karl Marx ou Hanna Arendt, ou même Albert Schweitzer, on trouverait tout autant sinon plus de citations pouvant aujourd’hui être qualifiées de racistes2.

Dans sa structure de base, dans toute sa conception et sa vision, la pensée de Steiner est orientée vers l’émancipation et la liberté de l’humanité et l’humain. Il était fondamentalement opposé au nationalisme, au racisme et à l’antisémitisme3. Ainsi la commission indépendante des Pays-Bas arrive à la conclusion suivante: « Les hypothèses selon lesquelles le racisme est inhérent à l’anthroposophie… se sont avérées catégoriquement erronées »1.

Ceci vaut aussi pour son approche de l’agriculture par laquelle, il souhaitait favoriser l’émancipation de tous les paysan.ne.s du monde en leur donnant le maximum d’autonomie et d’indépendance face aux lobbies de l’agrochimie de son époque.

1 Ted A. van Baarda (Hrsg.) : Anthroposophie und die Rassismus-Vorwürfe. Der Bericht der Niederländischen Untersuchungskommission « Anthroposophie und die Frage der Rassen ». Frankfurt a. M., 5. Aufl. 2009
2 Wolfgang Müller. Anthroposophie, la provocation. Éditions Triades 2022
3 Marcelo da Veiga. Der ethische Universalismus und sein kulturgeschichtliches Dilemma. CEST Edition, Bonn 2024

Pour aller + loin :
Charte du MABD

7. Biodynamie et nazisme

On entend parfois dire que Steiner était nazi. Rien n’est plus faux. Au contraire, les dignitaires nazis considéraient Steiner et son anthroposophie « humaniste » comme totalement contraires à leurs convictions profondes. C’est la raison pour laquelle des groupes “völkisch” ont régulièrement perturbé ses conférences, en particulier lors d’une vaste tournée en Allemagne en 1922 qui dut s’interrompre pour cette raison. Et Steiner affirma dès 1923 à une proche collaboratrice “Quand ces messieurs seront au gouvernement, je ne pourrais plus mettre un pied en Allemagne1. [Lire la suite]

Cependant, durant la seconde guerre mondiale, comme dans la plupart des mouvements et organisations, il y eut, envers le régime nazi, différentes attitudes des personnes impliquées dans le mouvement biodynamique allemand. Une étude historique indépendante, qui s’est appuyée sur l’analyse de très nombreuses archives, a apporté des connaissances objectives et contextualisées sur le comportement des biodynamistes durant la période nazie en Allemagne1. L’étude retrace la façon dont les membres de l’association biodynamique allemande ont décidé, dès l’été 1933, de s’intégrer à l’État nazi pour protéger leur agriculture – la seule alternative eut été de dissoudre l’association. Pendant la dictature nazie, le mouvement biodynamique a d’abord pu se développer jusqu’à sa dissolution totale par la Gestapo à l’été 1941. Après 1945, seul le jardinier Franz Lippert, qui avait travaillé dans un camp de concentration, a fait l’objet d’un procès en dénazification et, comme la plupart des Allemands, a été disculpé. Cependant un des auteurs de l’étude affirme : « Nous avons été surpris de constater que notre analyse textuelle des écrits biodynamiques, même dans les textes explicitement adressés aux autorités nazies après 1933, n’a révélé aucune approbation des idéologies nazies telles l’antisémitisme, le racisme, le nationalisme, l’impérialisme et l’anéantissement des êtres « indignes » ».

Le MABD condamne fermement la collaboration active de certains biodynamistes allemands, en particulier de leur implication dans les institutions agricoles des SS et dans les camps de concentration. Il condamne tout aussi fermement les tentatives de rapprochement avec des personnalités du système nazi et l’exclusion des juifs.

Aujourd’hui en particulier, à une époque où les extrémistes de droite tentent de se faire accepter par la société grâce à leur engagement en faveur de la conservation de la nature et de l’agriculture biologique, il est plus important que jamais que les associations d’agriculture biologique et biodynamique se distinguent clairement de ces groupes.

Non, Steiner n’était pas nazi. Oui, certains biodynamistes allemands ont collaboré avec le pouvoir durant la période nazie.

1J. Ebert / M. Pieschel / S. zur Nieden : Die biodynamische Bewegung und Demeter in der NS-Zeit. Akteure. Verbindungen. Haltungen. Metropol Verlag, Berlin 2024.

8. Biodynamie, méthode agricole ou courant de pensée ?

Celui qui lit pour la première fois le livre de référence de la biodynamie « Le Cours aux agriculteurs » pourra être surpris par un langage paraissant parfois « préscientifique ». Et pourtant, l’auteur de cet ouvrage, Rudolf Steiner, est sorti d’une prestigieuse école d’ingénieurs autrichienne et a étudié à fond les travaux de Darwin, Haeckel et Goethe et Kant. C’est de cette approche pluridisciplinaire qu’a émergé la volonté de Steiner d’élargir la méthode agricole à une conception plus globale du vivant. [Lire la suite]

La biodynamie, d’un côté, reconnait les acquis de la science moderne, et de l’autre, prend racine dans un paradigme différent de la vision du monde contemporaine. L’anthropologue Philippe Descola qualifie l’approche actuelle du monde de « naturalisme ». Il décrit 3 autres visions du monde ou « ontologies » : le totémisme, l’animisme, l’analogisme, qui permettent toutes les trois de mieux comprendre la biodynamie, mais aussi les nombreuses approches traditionnelles, que la modernité dominante a relégué au rang de simples croyances.

Un élargissement de notre vision habituelle du monde est ainsi nécessaire à la compréhension de la biodynamie.

Oui, la biodynamie est une méthode agricole pragmatique, qui s’inscrit également dans une compréhension élargie du monde du vivant. L’un n’empêche pas l’autre 😊.

Pour aller + loin :
Le Club de Mediapart : https://blogs.mediapart.fr/geographies-en-mouvement/blog/170125/biodynamie-terminees-les-controverses.
La Revue des Vins de France : https://www.larvf.com/tribune-vouloir-en-finir-avec-la-biodynamie-frederic-mugnier-quelle-idee-depassee,4841400.asp