Biodynamis 2022 (HIVER) N°120

Édito

Les feuilles et les températures ont retardé le moment de leur chute, mais tout a fini par ressembler à l’hiver. Les branches nues se détachent sur le ciel pâle, les contours des choses se font plus nets. La nature se concentre et nous invite à faire de même. Recentrage, méditation, réflexion sur l’année écoulée. Retour à l’essentiel, à ce qui nous fait et nous unit. Quelle est mon empreinte sur fond de ciel, où sont mes racines et jusqu’où s’étendent mes branches ? Les nouvelles du dehors ne sont pas bonnes, il y a des bombes de la peur et du froid, des espèces qui disparaissent, des grondements souterrains.
Il nous faut de bonnes racines, pour tenir, et un vaste houppier pour nous élever.
Lorsqu’on considère son jardin comme un organisme, comme nous l’avons proposé dans la revue tout au long de l’année, nous prenons en conscience qu’il a une peau, et que ses organes sont également délimités par une membrane. Reconnaître comme telle la haie, la peau végétale du sol, la couverture du compost ou l’écorce de l’arbre, donne une nouvelle dimension au soin. Mais vous lirez également que ce que nous abordons comme un organisme peut en même temps être l’organe d’un organisme plus grand. L’abeille et l’essaim, l’arbre et la forêt, la forêt et la Terre…
Nous pouvons, nous aussi, « faire corps » autour d’une idée, d’un idéal.
Devenir partie d’une entité qui définit sa raison d’être et rejette ce qu’elle ne veut pas.
Un collectif d’éleveurs qui veut accompagner ses bêtes jusqu’à la fin ; des groupes de biodynamistes, du local à l’international; l’Union Européenne qui ne laisse plus entrer les produits issus de la déforestation. Il est donc possible de poser de telles limites ! À vous tous·tes, individus et collectifs, nous souhaitons un hiver favorable, ensemencé de persévérance et d’élan créatif !
Maëva Bourgeois, coordinatrice